Jaeger-LeCoultre : présentation de la collection « Email 2009 » constituée de deux montres d’exception


En 2009, les artistes-artisans de la manufacture Jaeger-LeCoultre, qui entretiennent un lien particulier avec les techniques traditionnelles de l’émaillage (l’émail grand feu et le champlevé), ont souhaité présenter un véritable florilège de leur talent en proposant deux séries exceptionnelles sur deux incontournables garde-temps de la marque : la Master Minute Repeater et la Master Grand Tourbillon. Sublime, tout simplement.


La déesse de l’amour, muse de la Master Minute Repeater

Afin d’apporter une saisissante démonstration de son savoir-faire, la manufacture a choisi d’offrir au cadran de la Master Minute Repeater l’interprétation sous forme de miniatures en émail de quatre œuvres maîtresses de la peinture consacrées à la représentation de Vénus, déesse de l’amour.

Les sources d’inspiration de ces œuvres sont diverses ; elles s’attachent à la Renaissance italienne, à l’école espagnole et au classicisme français, ainsi qu’en témoignent les illustres exemples retenus par les maîtres émailleurs de chez Jaeger-LeCoultre : La Naissance de Vénus de Botticelli, la Vénus d’Urbino du Titien, la Toilette de Vénus ou Vénus à son miroir de Velasquez et enfin, la Vénus Anadyomène d’Ingres.

Au-delà de leur extraordinaire force d’expression, ces chefs-d’œuvre s’adaptent ici aux dimensions réduites du cadran de la Master Minute Repeater. Les artisans de la « Grande Maison » ont ainsi choisi d’associer leurs témoignages d’admiration pour ces grands peintres aux sonorités cristallines de cette montre hors-norme.

Toutefois, afin de conserver leur pleine fonctionnalité horlogère à ces exceptionnels achèvements artistiques, ces quatre pièces uniques dédiées aux grands noms de la peinture universelle n’affichent pas uniquement les heures et les minutes. Elles se caractérisent également par la présence de deux indications complémentaires qui apparaissent sur leur cadran : le couple libéré par les deux barillets à 4 heures et la réserve de marche à 8 heures.
 

Des techniques séculaires encore perfectionnées

Pour rendre la beauté éternelle de ces œuvres universelles, les artisans ont souhaité les réinterpréter à travers une technique développée dans leur atelier, qui confère un étonnant relief au sujet représenté.

La magie d’un trait qui se devine à travers les couches superposées d’émail permet en effet de conférer au sujet une exceptionnelle profondeur. Il suffit d’incliner légèrement la miniature sous une source de lumière pour déceler des variations chromatiques, des perspectives insoupçonnées et des nuances qui se reflètent à travers la surface brillante de l’émail.

Chaque miniature est le résultat d’un long processus de création qui débute par l’application sur le cadran de couches successives d’un fondant blanc qui servira de support lumineux au sujet choisi. L’adjonction à cet émail de base de divers pigments sous forme d’oxydes métalliques permet d’obtenir une vaste gamme de coloris. Ces émaux aux splendides couleurs sont déposés sur le métal à l’aide d’une plume d’oie ou d’un pinceau très fin avant d’être cuits au four à plusieurs reprises, jusqu’à obtention de la nuance exacte désirée.

La réussite du travail final dépend, dans une large mesure, de l’obtention d’un trait aussi fin et précis que possible alors que chaque étape de cuisson à haute température (entre 800 et 850 degrés) représente un risque majeur pour l’œuvre en devenir. C’est la technique de l’émail grand feu.

Bien évidemment, pour garantir le parfait fonctionnement du mécanisme horloger, l’émailleur doit faire preuve d’une précision absolue dans ses gestes afin de ne pas dépasser des tolérances infimes, de l’ordre de 2/10e de millimètre.

La réalisation d’un tel chef-d’œuvre aux dimensions aussi réduites exige des semaines d’intense concentration, une patience, une minutie et un doigté extraordinaires, sans oublier le temps qui reste la mesure de toute chose car la confection d’un seul cadran requiert entre 80 et 150 heures d’un travail d’une exceptionnelle précision.

Hommage aux grandes découvertes : la Master Grand Tourbillon Continents

Attesté sous sa forme actuelle à la fin du XVe siècle, l’art délicat de l’émaillage connaissait des heures de gloire alors que la civilisation européenne s’apprêtait à connaître le plus grand bouleversement de son histoire.

C’est à cette période en effet que les voyages au long cours et les explorations entreprises par les navigateurs espagnols et portugais permirent de découvrir l’existence de terres jusqu’alors inconnues.

Un demi-millénaire après le changement radical de notre cosmogonie, la manufacture Jaeger-LeCoultre a souhaité célébrer le raffinement intemporel de l’émaillage et la reconnaissance de la rotondité de la Terre en proposant trois Master Grand Tourbillon exclusives qui présentent le visage de notre planète au sein d’une série baptisée « Continents », dans une somptueuse réalisation en émail.

Dans un méticuleux travail réalisé selon la technique du champlevé -le champ à décorer est creusé au burin en épargnant les cloisons qui limitent les alvéoles- représentant les motifs à reproduire sur la plaque de cadran en or, la surface de chaque continent a été minutieusement gravée et guillochée en direction des quatre points cardinaux, rappelés sur la lunette, alors que les fonds des océans se distinguent par des décorations en forme de vagues.

Les couches d’émail translucide laissent apparaître les motifs gravés pour conférer une extraordinaire profondeur et des coloris d’une stupéfiante intensité à ce planisphère horloger. La lunette est gravée des coordonnées géographiques du point central du motif, là où se fixent les aiguilles.

Par la magie de ce patient labeur suivi de nombreuses étapes de cuisson, les frontières des divers pays et les contours des continents se dessinent sur le cadran. Chaque Master Grand Tourbillon présente l’un des trois grands ensembles continentaux : l’Asie et l’Australie, les Amériques et l’entité constituée de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient.

A l’évidence, ce travail d’une minutieuse précision, bannit d’emblée toute production en grande série, si bien que la Master Grand Tourbillon Continents demeurera pour toujours une édition d’une exclusivité absolue. De fait, chacune des trois versions ne sera éditée qu’en vingt pièces en platine, vingt pièces en or rose et vingt pièces en or jaune, toutes dotées d’un fond saphir laissant apparaitre le Calibre Jaeger-LeCoultre 978. Le tourbillon régulateur peut être admiré dans toute sa splendeur à 6 heures, au cœur des terres ou des mers selon le modèle.

La miniature sur émail : un art d’une exquise rareté au raffinement exceptionnel

La miniature sur émail étant une discipline qui n’est plus guère enseignée de nos jours, il devient donc de plus en plus difficile de se procurer des émaux de bonne qualité. Gardienne des plus belles traditions horlogères, Jaeger-LeCoultre perpétue donc les plus anciennes techniques appliquées à la décoration de la montre.

Elle se plait à rechercher des émaux authentiques qu’elle confie aux mains de ses spécialistes de l’émaillage. La minutie, qui est la qualité primordiale de tout horloger, définit également le travail du peintre en miniature. Les spécialistes de la manufacture recourent à tous les raffinements de leur art pour personnaliser selon le vœu de son heureux possesseur, le second visage d’une Reverso ou le cadran des prestigieuses montres rondes de la collection.

Egalement connue sous le nom de « peinture sous fondant », la version la plus aboutie de la miniature sur émail bénéficie de nos jours de la faveur des véritables amateurs en raison de sa grande valeur artistique et de son caractère inaltérable.

Sa patiente fabrication, étape après étape, requiert un grand nombre d’opérations aussi délicates les unes que les autres. Avant le début de la peinture proprement dite, l’émailleur recouvre le revers de la plaque de cadran ou le fond de boîtier d’une couche appelée contre-émail et destinée à prévenir toute déformation du métal pendant la cuisson.

Puis, l’artiste entreprend le travail de décoration par l’application de couches successives d’émail blanc. Ce n’est qu’ensuite qu’il dessinera les fins contours de la miniature avant de procéder aux délicates opérations d’émaillage, par petites touches, en déposant des couches de couleur à l’aide d’un pinceau d’une finesse extrême. Il lui faudra de longues heures de travail à travers toute la gamme des nuances pour parvenir à créer une luminosité unique.

Enfin, il couronnera son ouvrage par l’apposition du fondant, constitué de fines couches d’émail transparent qui sert à la fois de vernis protecteur pour la peinture miniature et permet de conférer une exceptionnelle vivacité au motif en rehaussant la profondeur et l’intensité des couleurs.

Cette dernière étape qui s’effectue à une température supérieure à 800 °C recèle de nombreux dangers, car chaque passage au four peut signifier la ruine de nombreuses heures d’un patient et minutieux labeur.

Les couleurs gagnent en brillance au fil des cuissons et donnent à la peinture toute la perfection de son éclat. La réalisation d’une miniature en émail exige un doigté et un savoir-faire hors pair ainsi que l’exceptionnelle capacité de pouvoir maîtriser des qualités aussi rares pendant des semaines de concentration intense.

Un art venu de la nuit des temps

Ainsi, chaque miniature en émail incarne une symbiose entre les talents de différents artistes et leur inépuisable veine créatrice. Guidés par l’œil, la main et le cœur, ils n’aboutiront jamais deux fois au même résultat.

L’art de l’émaillage est millénaire. Il faut remonter vers le Ve siècle avant J-C pour trouver les premières traces de travaux émaillés. Les sculpteurs de la Grèce Antique décoraient leurs statues d’incrustations en émail. Les exemples grecs et celtiques les plus anciens sont tous composés d’émaux opaques car ce n’est qu’au XIIe siècle, à l’époque gothique, que l’utilisation d’émaux transparents se répandit.

Les méthodes ne cessèrent ensuite de gagner en raffinement, au point de permettre aux orfèvres anglais du XVIe siècle et à leurs confrères français du XVIIIe siècle de confectionner de véritables chefs-d’œuvre émaillés.

De toutes les techniques connues à ce jour, la peinture miniaturisée sur émail constitue probablement la forme la plus aboutie de cet art très ancien. Apparue au XVIIe siècle pour orner d’un raffinement suprême bijoux et objets précieux, la miniature sur émail possède comme support une plaque de métal recouverte d’un émail translucide sur laquelle l’artiste appose au pinceau des couleurs destinées à être vitrifiées.

D’abord connue en France sous le nom « d’émail de Blois », la miniature sur émail sera perfectionnée à Genève, qui deviendra bientôt la capitale de cet art et de ses applications horlogères. Il n’est guère étonnant que la cité de Calvin soit devenue le berceau de cette technique qui repose, comme le métier d’horloger, sur une extrême minutie.

L’alliance historique de l’émail et de la haute horlogerie

A la fin du XVIIIe siècle, la même minutie, alliée au goût de la perfection et au soin apporté au plus infime détail, amena les émailleurs genevois à développer la méthode de « la peinture sous fondant ».

Cette version perfectionnée de la peinture miniature sur émail se caractérise par sa précision artistique et la conservation de sa splendide apparence à travers le temps. Par l’utilisation du procédé typiquement genevois de la miniature sur émail, les spécialistes de Jaeger-LeCoultre, renouent avec une longue tradition, l’ornementation des montres par des miniatures émaillées.

Déjà, pendant le règne de Louis XIV, émailleurs et miniaturistes conjuguaient leurs talents pour créer des montres de plus en plus raffinées. Portraits miniatures et charmantes scènes champêtres à la Watteau décoraient alors boîtiers et cadrans de montres.

Parfaitement maîtrisées pour être encore surpassées et enrichies, les techniques ancestrales de l'émaillage deviennent ainsi l'expression d'un savoir-faire à nul autre pareil.

Montres-de-luxe.com | Publié le 30 Octobre 2009 | Lu 8666 fois

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